Malentendu, quiproquo, les mots nous mènent en bateau. Ce n’est pas neuf. C’est se faire une idée plutôt idéale que d’imaginer que le langage sert la communication. Il tente tout au plus de la pallier.Du côté des animaux, il apparaît clairement qu’un grognement, un gémissement, une gestuelle, une attitude laisse très peu de place à l’ambiguité. Du côté des humains, un regard, une moue, une mimique, même involontaire, de préférence involontaire, est du même tonneau, celui de la sincérité. (...)
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actualité de la maison deligny
On glisse ici, pêle-mêle, au gré de nos réflexions, quelques petits textes d’actualité
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un pari
18 octobre 2014 -
Encore un Crétois
21 septembre 2014C’est vrai, je mens parfois, je le reconnais, mais je te jure que je ne vole pas. Oui, mais quand tu dis ça, comment puis-je savoir que tu ne mens pas ? …
Enfermé lui-même dans le paradoxe du Crétois qui dit qu’il ment, et donc dit vrai en mentant, et donc ment, le Petit demeure songeur, puis fait diversion en annonçant qu’il va retrouver ses amis, ceux qu’il rabrouait hier, mais nommait amis avant-hier. Il articule « amis » avec autant de soin qu’il prononçait « salauds ». Avec la même (...) -
les patates
29 août 2014Le travail de la terre présente l’avantage rare de stimuler la pensée. Est-ce parce qu’en occupant la main, et le dos, souvent, il libère l’esprit ? Est-ce parce qu’il nous met en contact intime avec l’élément dont nous venons, où nous retournerons d’ici peu ? Est-ce parce qu’il nous connecte au cosmos, par une multitude de fils plus ou moins ténus ? Un mélange de tout cela, sans doute. La patate trône en quelque sorte au faîte de l’art potager. Sa rotondité princière, sa consistance, son (...)
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à l’abri du soleil
4 mars 2014Voyez-vous, lorsqu’on a trop réussi sa vie, On sent, n’ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal, Mille petits dégoûts de soi, dont le total Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure ; Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure, Pendant que des grandeurs on monte les degrés, Un bruit d’illusions sèches et de regrets… Le duc de Guiche, Cyrano de Bergerac, Acte V, scène 2
Cette gêne obscure, ces petits dégoûts de soi, ces regrets, ces illusions desséchées, on ne les souhaite (...) -
Donne, je m’en vais moudre, à toi de te reposer...
16 février 2014« Donne, je m’en vais moudre, à toi de te reposer… » Voilà la plus vieille phrase écrite en polonais ; elle date du XIIIème siècle, nous dit Marius Wilk, qui explore dans le très beau « Journal d’un loup » l’âme de la Russie. La plus vieille, c’est-à-dire la première de celles qu’on a conservées, et rien n’empêche de penser qu’il n’y en pas de plus ancienne.
Trois verbes : donner, moudre, reposer. Donne-moi ton travail. Ce que tu me donnes en même temps, c’est ton repos. C’est à moi (...) -
Soigner ses gestes
18 janvier 2014A., toujours en quête de choses à faire, propose son aide pour construire des étagères et pour mettre les prises. Ça fait un an et demi qu’il habite à la Maison Deligny, et il a appris à tenir une scie et une visseuse, fixer des cables dans un interrupteur. Il a appris à faire son pain, soigner les animaux, gérer des commandes de pâtisserie tout seul. Ce n’est pas très compliqué, il suffit de s’y mettre. Quand il fixe les étagères en-dessous de l’évier, accroupi dans une faible lumière, ce (...)
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Que fait le silence quand je ne fais pas de bruit ?
5 janvier 2014Le silence, ce n’est pas le vide, c’est au contraire le remplissage, par autre chose, du bruit ambiant. Je sais plus qui disait que le silence qui suit un concerto de Mozart, c’est encore de la musique, c’est encore Mozart.
Nos journées sont tellement emplies de bruit, qui les vide de ce qu’elles peuvent contenir d’autre, qu’il est urgent d’inverser la tendance.
Dans nos contrées, on meurt plus de trop ou mal manger que de ne pas manger. On peut déplacer cette observation à (...) -
occuper le terrain
4 janvier 2014Ce mercredi soir, le petit ne tient pas en place. Il s’impatience, gigote, souhaite visiblement la clôture de la réunion hebdomadaire, celle des mises au point, de l’organisation, des propositions, de la gestion des conflits. Habituellement féru de ce temps de bavardage institué, au bout d’un temps qui a dû lui sembler une éternité, bien qu’il n’excédât pas un demi tour de la grande aiguille, il expose (non, il n’explose plus) : bon, ça va ? C’est fini ? Parce que je n’ai pas que ça à (...)
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à une dame d’importance
3 janvier 2014à une dame d’importance,
Nous vous avons envoyé plusieurs courriers. Ils ne quémandaient pas. Ils ne suppliaient pas. Ils n’invitaient pas à l’action. Ils ne demandaient rien d’autre qu’une simple information dont dépend le quotidien de quelques enfants.
Vous dirigez une organisation qui produit le contraire de ce qu’elle annonce. Au petit jeu de placer les enfants perdus dans des cases, elle aboutit à l’absence de solution pour certains d’entre eux. Inéducables. Irrécupérables. (...) -
la mouche dans le bocal
10 novembre 2013Cette semaine, quelqu’un devait avoir besoin de notre minibus, puisqu’il a été volé. C’est gênant, ça complique un peu le quotidien, mais enfin, de quoi servirait-il de se nourrir de philosophie, si c’était pour encolérer quand un indélicat subtilise quelque chose dont on peut se passer ? A quoi servirait-il de prôner la décroissance si on portait le deuil de cette machine à polluer et à oublier la marche ?
Un peu plus tard, on constate que trois vélos ont disparu, probablement en même (...)